Depuis sept ans, une éruption de boue dévaste une région industrielle de l'île de Java, en Indonésie. Certains scientifiques ont mis en cause un forage, mais une étude germano-suisse y voit la conséquence d'un séisme.
L'étude menée par l'équipe de Stephen Miller, de l'université allemande de Bonn, et à laquelle a participé Erik Saenger, de l'Institut de géologie de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), relance le débat d'experts sur cette catastrophe unique au monde.
Le volcan de boue a surgi de terre le 29 mai 2006, près de la ville de Sidoarjo, et a été baptisé "Lusi". Le volume quotidien expulsé par ce volcan a grimpé jusqu'à 180'000 mètres cubes, soit l'équivalent de 60 piscines olympiques. Peu à peu, le flot nauséabond a englouti champs, maisons et usines.
Controverse
Le volcan a commencé à se calmer, crachant aujourd'hui entre 15'000 et 20'000 m3 de boue par jour, selon les autorités locales. Mais il n'en va pas de même pour la controverse sur son origine.
Plusieurs experts internationaux ont mis en cause une erreur de forage d'une société gazière qui a percé à quelque 3000 mètres de profondeur un aquifère (couche souterraine stockant des fluides). L'absence de protection du conduit aurait entraîné une montée de liquides et de gaz sous pression.
Les partisans de cette théorie estiment que le séisme survenu 47 heures avant la naissance de Lusi, à environ 250 km de là, était trop éloigné pour avoir déclenché l'éruption, alors que le puits de forage se situait, lui, à seulement 200 mètres du premier geyser de boue.
Simulations d'ondes
La société gazière affirme, avec d'autres experts, que la catastrophe a été provoquée par le tremblement de terre. L'étude publiée dimanche dans la revue "Nature Geoscience" appuie cette explication.
Les chercheurs de l'université de Bonn et de l'EPFZ font valoir que deux volcans actifs au moment du séisme et situés à 50 et 300 km de l'épicentre ont vu leur activité éruptive multipliée par trois. "Nos résultats indiquent que Lusi est une catastrophe naturelle", concluent-ils.