La justice grecque a condamné à dix mois de prison avec sursis un homme de 28 ans pour "insulte à la religion". Il s'était moqué d'un moine sur Facebook. Ce jugement porte atteinte à la liberté d'expression, selon la Ligue grecque des droits de l'homme.
Arrêté en septembre 2012 par l'unité de la police chargée de la lutte contre la cybercriminalité, l'homme avait été inculpé pour "blasphème et insulte" vis-à-vis du "starets" Paisios ("starets" signifie "ancien", guide spirituel dans la tradition orthodoxe).
La page incriminée de Facebook évoquait le "starets Pastitsios", un jeu de mots faisant allusion au "pastitsio", plat grec populaire à base de pâtes et de boeuf.
Le moine Paisios, qui a vécu dans l'enclave monastique du Mont Athos (haut lieu de la spiritualité orthodoxe, au nord de la Grèce), est mort en 1994 à l'âge de 70 ans. Il fait l'objet d'un culte populaire dans le pays en raison des dons prophétiques qui lui sont prêtés.
Une semaine avant l'arrestation du créateur de cette page, le parti néonazi Aube Dorée avait présenté une plainte à ce sujet au parlement.
"Ce jugement montre que la liberté de parole, base d'un Etat démocratique, est contestée non seulement par les ennemis de la démocratie, mais aussi par ceux qui sont censés la protéger", a indiqué la section grecque de la Ligue des droits de l'homme.
Elle déplore "une régression" des libertés et une justice de "la théocratie". Quelque 90% des Grecs sont baptisés au sein de l'Église orthodoxe, non séparée de l'Etat.