En 2011, il a été le premier scandale sexuel de l’ère Twitter: alors que sa femme était en voyage d’affaires, le politicien américain Anthony Weiner, 48 ans, se trompe et envoie à ses 45'000 abonnés une photo destinée à un flirt virtuel le montrant torse nu et le sexe en érection dans un slip moulant. Il efface aussitôt la photo, crie au piratage de compte Twitter, mais le mal est fait. Son pseudo – Carlos Danger – provoque un éclat de rire général mais le scandale l’oblige à démissionner du Congrès. Weiner fait amende honorable, un bébé à sa femme, jure qu’on ne l’y reprendra plus et se lance dans la course à la mairie de New York. Las: il y a quelques jours, alors qu’il est en tête des sondages, un site Internet diffuse des extraits de conversations osées entretenues en ligne, l’été dernier, avec une jeune femme de 22 ans de l’Indiana. Patatras: sa femme a beau venir à ses côtés en conférence de presse assurer qu’elle l’aime et croit en lui, son directeur de campagne démissionne et ils ne sont plus que 43% de New-Yorkais à penser qu’il doit se présenter à la mairie.
Je suis à New York et dans les journaux, à la télévision, il n’y en a que pour lui et ses efforts démesurés pour faire croire que tout est normal en distribuant des repas aux écoliers défavorisés alors que les reporters le traquent en ne pensant qu’à la pin-up de l’Indiana. C’est injuste: il n’a rien fait d’illégal ni de très particulier, ne commettant même pas le péché de chair. Seule l’arrogance de prouver qu’il «en» a une plus grande – mais n’est-ce pas le moteur, voire le fonds de commerce, de tous les hommes de pouvoir? – l’a perdu. Les électeurs les plus jeunes le savent bien, puisqu’ils sont les plus nombreux, selon le même sondage, à ne pas lui tenir rigueur de son amour du sexting: à l’heure des smartphones et du pianotage continu sur Twitter, Facebook ou WhatsApp, une bêtise est vite arrivée, et personne n’est à l’abri d’une telle humiliation. Vite fait et pas grave. Reste qu’en attendant que cette génération constitue la majorité de l’électorat, l’enjeu pour tout politicien qui se respecte est désormais de maîtriser non plus seulement le faire et le faire-savoir, comme le marketing l’a appris à la politique depuis un demi-siècle, mais aussi le faire et le non-faire-savoir. Pas viril pour un sou, hélas.