Chasser le lion comme le faisan d'élevage? Des défenseurs de la nature indignés ont manifesté samedi en Afrique du Sud et ailleurs pour que cesse la "chasse en conserve" de lions engraissés en cage. Cette pratique est en plein essor, selon ses détracteurs.
"Dieu créateur de tout ce qui existe (...) nous te prions pour les prédateurs qui détruisent ta création, des animaux magnifiques", a murmuré au Cap une foule de plusieurs centaines de personnes, guidée par Mpho, la fille de Desmond Tutu.
Agé de 82 ans, l'archevêque héros de la lutte anti-apartheid et champion de toutes les causes, y compris celle des animaux, n'a pas manifesté lui-même mais béni la mobilisation dans sa prière reprise en choeur: "Nous te prions pour qu'ils parviennent à sauver toute la faune sauvage, mais en particulier les lions blancs".
Des manifestants se sont aussi rassemblés à Abou Dhabi et à Londres devant l'ambassade d'Afrique du Sud. La journée a faiblement mobilisé ailleurs mais suffisamment pour inquiéter l'association des chasseurs professionnels d'Afrique du Sud (Phasa), grand pays de safari chasseur.
Les Sud-Africains courent surtout après des herbivores à belles cornes, tandis que les étrangers sont prêts à dépenser plus de 3000 dollars par jour (2620 francs) en moyenne pour se donner le frisson de la traque au gros gibier, qui nécessite des permis spéciaux.
Le prix varie selon l'animal tué et une partie des revenus est reversée à la préservation de la nature. Mais le business du lion de captivité augmente, selon le mémorandum des manifestants adressé au gouvernement sud-africain, à l'Union Européenne et la CITES (Convention internationale de protection de la faune et de la flore sauvage).
La majorité des lions d'Afrique du Sud, 5000 à 8000 selon les sources, vivent en cage. Ils sont "presque trois fois plus nombreux" que leur congénères évoluant en liberté, selon les organisateurs de la manifestation qui demandent l'interdiction de ces élevages.
Affamés, relâchés dans un espace inconnu quelques jours avant la chasse, ils n'ont quasiment aucune chance d'échapper à leurs poursuivants. Cette chasse, appelée "canned hunting" (chasse en conserve), est très lucrative.
Les chasseurs sont essentiellement des Américains (55%) et des Européens (40%) fortunés, notamment des Allemands, Français, Polonais, Finlandais, Autrichiens et Hongrois.