En pleine tourmente judiciaire, l'ancien président français Nicolas Sarkozy a riposté avec vigueur pour dénoncer "des principes de la République foulés au pied". Dans une tribune parue dans "Le Figaro", il s'attaque aux juges et évoque des méthodes de la Stasi.
M. Sarkozy est visé par une information judiciaire ouverte le 26 février par le parquet national financier pour trafic d'influence et violation du secret professionnel. Pendant plus de six mois, il a été mis sur écoute, dans le cadre d'une instruction en cours sur des soupçons de financement de la campagne présidentielle de 2007 par l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
"Les juges entendent les discussions que j'ai avec les responsables politiques français et étrangers. Les conversations avec mon avocat ont été enregistrées sans la moindre gêne. L'ensemble fait l'objet de retranscriptions écrites dont on imagine aisément qui en sont les destinataires!", lance Nicolas Sarkozy.
Des extraits de ces écoutes, diffusés par le site d'information en ligne "Mediapart", ont renforcé les soupçons pesant sur Sarkozy. Son avocat Thierry Herzog a annoncé le dépôt d'une plainte pour violation du secret de l'instruction.
"Aujourd'hui encore, toute personne qui me téléphone doit savoir qu'elle sera écoutée. Vous lisez bien. Ce n'est pas un extrait du merveilleux film 'La Vie des autres' sur l'Allemagne de l'Est et les activités de la Stasi", souligne l'ancien président. "Il ne s'agit pas des agissements de tel dictateur dans le monde à l'endroit de ses opposants. Il s'agit de la France", s'insurge-t-il.
M. Sarkozy, qui fait état de "quatre perquisitions" en 20 mois, "23 heures d'interrogatoire" et "des milliers d'articles rédigés à charge"à son encontre, s'en prend aux magistrats enquêtant sur son compte. Mais il affirme garder "confiance dans l'institution judiciaire", "dans l'impartialité de l'immense majorité des juges".
"Toute comparaison avec les dictatures est insupportable", a dit le président français François Hollande lors d'une conférence de presse organisée au soir de la première journée du Conseil européen à Bruxelles. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a qualifié pour sa part de "grave faute morale" la mise "en cause de l'honneur de la justice et de la police".