Applaudissant au passage du cercueil, ou recueillis dans la chapelle ardente dressée dans la Chambre des députés, des dizaines de milliers d'Espagnols ont rendu hommage à Adolfo Suarez mardi à Madrid. L'ancien chef du gouvernement espagnol a ensuite été inhumé à Avila.
Environ 30'000 personnes sont venues s'incliner devant le cercueil, installé pendant 24 heures dans la salle d'apparat du Congrès. Celle-ci était décorée d'immenses gerbes de fleurs.
Transporté sur un chariot d'artillerie, accompagné par la famille et les membres du gouvernement, le cercueil recouvert du drapeau espagnol or et rouge a remonté mardi matin une grande avenue du centre de la capitale, jusqu'à la place de Cibeles. Il étati précédé d'une fanfare militaire marchant au pas.
Le long du parcours, des milliers de gens avaient afflué. Certains ont essuyé des larmes, d'autres ont crié "Viva Suarez". Parmi eux, beaucoup d'Espagnols se souvenant des années de transition ayant suivi la fin de la dictature franquiste en 1975.
"Il représente beaucoup, parce qu'il a uni les deux Espagne, après 40 ans de dictature", se souvient Maria Fraile Sanchez Rubio, une femme au foyer de 62 ans, dans un sourire ému. "Il a ouvert un chemin, et les hommes politiques d'aujourd'hui devraient s'en souvenir".
Adolfo Suarez, mort dimanche à 81 ans, devait être enterré dans la journée à 115 kilomètres de là, dans le cloître de la cathédrale gothique d'Avila, dans le centre de l'Espagne, sur sa terre natale comme il l'avait souhaité. des funérailles d'Etat seront célébrées le 31 mars dans la cathédrale de La Almudena à Madrid.
Premier chef de gouvernement espagnol après la dictature, entre 1976 et 1981, Afolfo Suarez avait été nommé à ce poste en juillet 1976 par le roi Juan Carlos, monté sur le trône à la mort de Francisco Franco le 20 novembre 1975.
Aux côtés du roi, il a mené le pays durant les années de transition, au sortir de quatre décennies de guerre et de dictature. Une période délicate et troublée où la jeune démocratie a dû se construire pas à pas.
Ses talents de conciliateur et d'homme de dialogue furent notamment cruciaux à l'heure où les partis politiques, alors légalisés, devaient s'accorder sur la rédaction d'une nouvelle Constitution. Celle-ci fut adoptée par référendum le 6 décembre 1978.