Le guérisseur autoproclamé de 55 ans, condamné il y a une année pour avoir inoculé intentionnellement le virus du sida à 16 personnes, a maintenu sa version des faits lundi devant la Cour suprême du canton de Berne. L'homme, qui a fait appel de sa peine de 12 ans et 9 mois de réclusion, risque dorénavant 15 ans de prison.
L'accusé a juré lundi "devant Dieu et sur les Saintes Ecritures" de ne pas avoir commis les actes qui lui sont reprochés. Il a estimé que l'accusation de "monstre" formulée à son encontre est fausse. Son défenseur a demandé sa libération, arguant que le doute doit bénéficier à l'accusé. La Cour Suprême du canton de Berne devrait prononcer son jugement vendredi matin.
Le Ministère public a requis, comme en première instance, 15 ans de réclusion. Il a considéré que les indices suffisaient pour déclarer cet homme coupable. L'accusé s'est montré "déterminé, impitoyable et perfide" avec ses victimes.
Lundi, l'audience en appel n'a rien apporté de plus sur les faits que celle de première instance, en mars 2013. Le Tribunal régional de Berne-Mittelland avait alors retenu contre le recourant les charges de lésions corporelles graves et propagation de maladies humaines.
Au terme de près de deux semaines de procès, ce guérisseur autoproclamé, qui avait donné du fil à retordre à la police, obligée d'aller le chercher de force pour comparaître, avait également été condamné à payer 100'000 francs d'indemnités à 13 de ses 16 victimes.
Le président du tribunal régional a expliqué que le tribunal avait prononcé le verdict de culpabilité en raison des sérieux indices à charge qui pesaient sur le "guérisseur". L'accusé et personne d'autre est responsable de l'infection des 16 personnes", avait-il déclaré lors de la lecture du jugement.
Les analyses phylogéniques ont démontré que le virus des victimes avait clairement la même souche. Pour le président du tribunal, il ne fait donc aucun doute que la source de la transmission est la même. Selon toute vraisemblance, la contamination s'est faite au moyen d'une seringue avec du sang infecté.
Comme l'accusé a toujours proclamé son innocence, le tribunal a dû trancher entre ses déclarations et celles des personnes infectées. Le président a relevé que les déclarations des victimes n'avaient pas varié au cours de l'instruction et qu'elles étaient crédibles. Il a écarté une éventuelle collusion entre parties plaignantes.