La police canadienne a annoncé mardi l'ouverture d'une enquête criminelle après l'explosion d'un train qui pourrait avoir fait une soixantaine de morts à Lac-Mégantic. Deux cents enquêteurs ont été déployés à la recherche d'indices. La piste du terrorisme semble exclue.
L'inspecteur Michel Forget a précisé que la police ne pensait pas qu'un acte terroriste soit à l'origine du déraillement du train de 72 wagons chargés de pétrole, dont l'explosion a dévasté samedi le centre de la petite ville québécoise.
"Je ne ferai pas de commentaire sur les indices que nous avons trouvés par c'est confidentiel", a dit Michel Forget à la presse, tout en indiquant que certains d'entre eux peuvent laisser penser à des "actes criminels".
"La négligence est une des pistes que nous allons étudier", a-t-il ajouté. "Nous ne pensons pas que le terrorisme ait quelque chose à voir avec cela."
Aucun espoir
Les secours ont retrouvé 15 corps, mais 45 personnes sont encore portées disparues et il n'y a aucun espoir de les retrouver vivantes. Les services du coroner ont demandé aux familles des disparus d'apporter des objets personnels leur ayant appartenu pour prélever des échantillons d'ADN.
Les enquêteurs vont de leur côté se pencher sur la solidité des wagons-citernes qui ont explosé après le déraillement du train, mais aussi vérifier si les procédures de sécurité avaient bien été appliquées lorsque le convoi a été stationné à Nantes, à 12 km de Lac-Mégantic, d'où il a entamé sa course folle.
L'hypothèse d'une erreur de manipulation des freins du train a été avancée, mais les enquêteurs n'ont pas pu vérifier pour le moment si suffisamment de freins avaient été enclenchés, faute d'avoir pu accéder à la zone la plus sinistrée.
Abandon inhabituel
L'agence de régulation des transports canadiens a souligné qu'il était inhabituel qu'un convoi soit abandonné par son conducteur sur une voie principale.
Le chef des enquêteurs de l'agence canadienne de sécurité des transports, Donald Ross, a souligné que le train n'était pas équipé d'un système d'alarme qui aurait pu alerter les aiguilleurs. Les wagons, a-t-il dit, étaient équipés de freins automatiques, mais ceux-ci ne sont pas censés fonctionner quand le moteur de la locomotive n'est pas en marche.
"Si nous pensons qu'il y a un message de sécurité à adresser à l'industrie (ferroviaire) pour qu'elle améliore les choses, nous le ferons", a assuré Donald Ross.