Une peine d'amende, dont le montant a été laissé à l'appréciation du tribunal, a été requise contre le dirigeant d'un cabinet suisse d'investigations privées. Cet homme est poursuivi dans le cadre d'une affaire d'espionnage contre l'époux de l'ancienne patronne d'Areva Anne Lauvergeon.
En toile de fond de cette affaire, examinée lors d'une longue audience devant le tribunal correctionnel de Paris, le rachat controversé de la société minière canadienne Uramin en 2007. Cette acquisition a tourné au désastre financier pour le groupe nucléaire. La valeur d'Uramin, achetée 2,5 milliards de dollars (près de 2,2 milliards de francs), avait ensuite été divisée par cinq.
En décembre 2011, Olivier Fric et son épouse Anne Lauvergeon trouvent à leur domicile parisien, sous pli anonyme, un mystérieux rapport de 43 pages intitulé "Pomerol 4". Ce document, provenant de la société suisse Alp Services, précisait qu'il présentait "les résultats des recherches effectuées auprès de nos différentes sources confidentielles notamment en Namibie sur la société Uramin".
Le rapport mentionnait notamment des informations concernant M. Fric, fruit de recherches parfois infructueuses, d'informations bancaires ou concernant des séjours dans des hôtels de Genève, et des éléments sur le nombre d'appels passés par l'époux d'"Atomic Anne".
C'est ce dernier point qui vaut au dirigeant d'Alp Services de comparaître pour complicité et recel de violation du secret professionnel. A la barre, il a expliqué que le but de ces investigations était de "protéger" Mme Lauvergeon.
Après un an d'enquête, le parquet de Paris a considéré que seul cet homme pouvait être poursuivi. Estimant que le commanditaire de cet espionnage destiné à déstabiliser Mme Lauvergeon devait comparaître devant la justice, l'avocat de M. Fric, Jean-Pierre Versini-Campinchi, a poursuivi devant le tribunal Sébastien de Montessus, qui dirigeait les activités minières du groupe.
M. de Montessus a assuré n'avoir à "aucun moment" demandé que les investigations portent sur M. Fric. Il a expliqué que ce rapport avait été commandé afin de confirmer ou infirmer les conclusions d'un précédent rapport, confié à une autre société, qui évoquait une "escroquerie" au sujet de l'acquisition d'Uramin.
Selon Me Versini-Campinchi, cette "opération d'espionnage" visait à trouver une "casserole"à accrocher à l'époux de la dirigeante du géant français du nucléaire. Le jugement a été mis en délibéré au 20 juin.