La justice française a reconnu coupable le dirigeant d'Alp Services, un cabinet d'investigations à Genève, d'avoir recueilli illégalement des informations sur l'époux de l'ex-patronne du groupe nucléaire français Areva, Anne Lauvergeon. Elle l'a toutefois dispensé de peine.
Le tribunal correctionnel de Paris n'a pas suivi le parquet, qui avait requis une amende, sans en préciser le montant, contre le détective privé. Alp Services avait réalisé en 2011 une enquête sur la société minière canadienne Uramin, rachetée par Areva en 2007.
Dans le rapport issu de l'enquête, dont une copie était mystérieusement parvenue au domicile d'Anne Lauvergeon, figuraient des éléments de recherche relatifs à son époux. Ils comprenaient des informations bancaires ou sur des séjours dans des hôtels de Genève et des éléments sur le nombre d'appels passés par le mari d'"Atomic Anne". Ce qui avait valu au patron d'Alp Services de comparaître pour complicité et recel de violation du secret professionnel.
Outre les faits en eux-mêmes, le tribunal a souligné que le casier judiciaire du directeur d'Alp Services était vierge. Après un an d'enquête, le parquet de Paris avait considéré que seul le directeur pouvait être poursuivi.
L'avocat de l'époux d'Anne Lauvergeon avait poursuivi directement devant le tribunal Sébastien de Montessus, qui dirigeait les activités minières du groupe et avait commandé le rapport à Alp Services. Il estimait que cette enquête s'inscrivait dans une volonté de déstabilisation de Mme Lauvergeon et de son époux.
A l'audience, le 16 mai, M. de Montessus avait assuré n'avoir à "aucun moment" demandé que les investigations portassent sur l'époux de l'ex-patronne d'Areva. Il avait assuré que le rapport visait à confirmer ou infirmer les conclusions d'un précédent rapport, confié à une autre société, qui évoquait une "escroquerie" au sujet de l'acquisition d'Uramin, une situation potentiellement "explosive".
Anne Lauvergeon a quitté ses fonctions à la tête d'Areva en 2011. L'acquisition d'Uramin a tourné au désastre financier pour le groupe nucléaire. Acheté 2,5 milliards de dollars, la valeur du groupe avait ensuite été divisée par cinq.