Un cinquième des espèces végétales est menacé d'extinction, selon le centre de recherche botanique des Kew Gardens de Londres. Dans son premier rapport sur "l'état du monde des plantes" publié mardi, il recense plus de 391'000 espèces.
Ce baromètre, qui doit permettre de mieux suivre l'évolution du monde végétal et le préserver, estime que 21% des plantes sont en péril. "On avait déjà un état du monde des oiseaux, des tortues marines et même des pères de famille. Mais, malgré sa grande importance, on attendait encore d'avoir un état des lieux du monde des plantes. C'est chose faite", a souligné le professeur Kathy Willis, directrice scientifique des jardins botaniques royaux de Kew.
"Etant donné l'importance fondamentale des plantes pour le bien-être humain, comme alimentation, combustible, régulateur climatique, il est très important que nous sachions ce qui se passe", a-t-elle dit.
A l'ouest de la capitale britannique, le domaine des Kew Gardens abrite l'une des plus importantes collections de plantes de la planète dans ses serres et ses magnifiques jardins. C'est également un centre de recherche botanique mondialement connu qui veut faire de son "State of the World's Plants" un outil de référence.
Dans un ouvrage de 80 pages accompagné d'un site Internet, les auteurs ont compilé et analysé des dizaines d'études déjà existantes pour constituer une base de données pour les années à venir. "Cela a été un travail énorme impliquant plus de 80 scientifiques. L'idée était de rassembler, condenser et rendre lisible des connaissances éparpillées pour s'adresser au plus grand nombre", a expliqué Steve Bachman, qui a coordonné le rapport.
Le chantier est immense: plus de 391'000 espèces de plantes vasculaires (plantes pourvues de vaisseaux qui permettent la circulation d'eau et d'éléments nutritifs) sont recensées dans le monde et tous les ans on découvre environ 2000 nouvelles espèces, principalement au Brésil, en Australie et en Chine.
Près d'un dixième de ces plantes servent à nourrir, soigner ou divertir l'homme. Parmi les plantes analysées, 17'810 ont un usage médical identifié. Raison de plus, souligne Kathy Willis, de les préserver. Mais sensibiliser l'opinion sur le sort de la matteuccie fougère-à-l'autruche peut s'avérer plus difficile que promouvoir la sauvegarde des éléphants d'Afrique, des tigres de Bengale ou des forêts tropicales.
"Il existe déjà un rapport sur l'état du monde des forêts mais la forêt ne couvre qu'une petite partie du monde végétal", a rappelé la directrice scientifique des Kew Gardens.
Les menaces qui pèsent sur le monde des plantes viennent d'abord, selon le rapport, de l'agriculture à cause d'un défrichage excessif (31%). Le développement résidentiel, les maladies, les pesticides et les incendies représentent d'autres facteurs nocifs.
Le changement climatique ne joue, lui, qu'un rôle marginal, pour l'instant au moins. "Mais il ne faut pas oublier qu'il faut parfois jusqu'à 30 ans avant que la prochaine génération de plantes produise des fleurs ou du pollen. On ne pourra donc vraiment mesurer l'impact du changement climatique que vers 2030", a prévenu Kathy Willis qui invite à ne "pas se réjouir trop tôt mais à surveiller".
"Dès l'an prochain, on pourra commencer à donner des tendances et c'est ce qui est le plus riche en enseignements", a encore souligné M. Bachman.