Les jeunes Suisses partent de plus en plussouvent pour obtenir un bachelor, un master ou un doctorat dans un autre pays. Leur objectif: améliorer leur CV pour décrocher le job de leur rêve. Un projet ambitieux et onéreux.
La salle ressemble à un minuscule cinéma ultramoderne, hyperbranché. Les murs sont vert clair, le reste est d’un blanc immaculé. Cela lui donne un air de science-fiction. Bloc-note en main, stylo sur le bord des lèvres, Sara Bhasin, une petite brune aux lunettes rondes, est assise au premier rang, devant un écran géant. L’étudiante genevoise de 25 ans écoute attentivement son professeur, un grand maigre qui porte une barbichette grisâtre et de petites lunettes carrées. Il parle des performances artistiques au sein des jeux vidéo. Le tout sur un fond de musique électronique, un morceau du groupe Digitalism. Ses jambes remuent légèrement au rythme de la musique.
Il demande à sa poignée d’étudiants ce qu’ils pensent du dernier article de Sherry Turkle, une sociologue du MIT. On parle, on débat; on dit, on contredit. L’ambiance se veut décontractée et intello au Pratt Institute de Brooklyn, l’une des écoles d’art les plus prestigieuses des Etats-Unis. La Genevoise y effectue un master en histoire de l’art, tout en profitant des avantages offerts par les meilleures universités américaines: un nombre réduit d’étudiants (maximum 10 personnes en cours) et un suivi attentif de la part de ses professeurs et autres conseillers.
Comme Sara Bhasin, de plus en plus de Suisses se rendent à l’étranger pour obtenir un bachelor, un master ou un doctorat. Entre l’introduction de la réforme de Bologne, en 1999, et 2011, leur nombre a augmenté de 42% au sein de l’OCDE, passant de 8400 à 12 000 (voir graphique). Les principales destinations: l’Allemagne, l’Angleterre, la France et les Etats-Unis. Au Royaume-Uni, ce mouvement a même explosé de 70%, les universitaires suisses y sont passés de 1457 à 2472. Et ces chiffres ne cessent de progresser.
Cette tendance souligne le succès de la réforme de Bologne, qui cherchait notamment à promouvoir la mobilité des étudiants européens et suisses. Pour leur offrir cette liberté, les systèmes d’enseignement supérieur européens ont été rapprochés en séparant le cycle d’études entre bachelor et master et en simplifiant, entre autres, la reconnaissance des diplômes par la mise en place d’un régime commun de crédits (ECTS).
La hausse des séjours à l’étranger s’explique aussi par la popularité d’Erasmus, programme conçu en 1987 pour développer les échanges d’étudiants entre hautes écoles au sein de l’Europe (lire encadré ci-contre).
Si le transfert entre universités a ainsi été facilité, l’accès à ces dernières peut cependant se révéler compliqué en raison des frais d’inscription. Des frais qui passent du simple au double selon les filières ou la renommée des établissements. Et plus particulièrement aux Etats-Unis où, par exemple, une année à l’Université de Princeton s’élève à plus de 40 000 dollars.
Obtenir un diplôme d’une prestigieuse institution n’est pas le seul moteur des jeunes Suisses qui s’expatrient. Ils sont également motivés par l’apprentissage ou le perfectionnement d’une langue, attirés par l’aura d’établissements comme Harvard ou Oxford, conquis par la possibilité d’étudier des branches qui ne sont pas enseignées dans notre pays, séduits par la possibilité de changer de cursus sans difficulté.
«Avant de venir aux Etats-Unis, j’avais obtenu un bachelor en relations internationales, j’aurais dû faire des pieds et des mains pour entrer dans un programme d’histoire de l’art en Suisse, explique Sara Bhasin. A New York, la question ne se posait pas, la complémentarité de mes études est perçue comme un atout par l’université.»
01. L’atout professionnel
Dans le Lower East Side, un des derniers quartiers à s’être fait «gentrifier» sur Manhattan, se cache la Galerie Denny. Là, au fond de ce petit local, Sara Bhasin et la propriétaire de l’endroit, Elizabeth Denny, parlent de la présentation d’une série d’œuvres. «C’est une série de huit tableaux, ces deux-là mis ensemble ont quelque chose de particulier, ça marche», dit la Genevoise à sa patronne en pointant les œuvres d’art du doigt. «La galerie cherche à promouvoir de jeunes artistes, l’objectif est de réussir à les exposer dans un musée», explique Sara Bhasin. La jeune fille n’aurait pas pu trouver une telle occasion professionnelle en Suisse romande. Et ce travail au sein de cette galerie new-yorkaise lui permet d’étoffer son CV d’une façon unique.
Comme tant d’autres Suisses, Sara Bhasin est partie étudier à l’étranger dans l’espoir de décrocher le job de ses rêves. D’autant que les employeurs accordent beaucoup d’importance à ce genre d’expérience. «A compétences égales entre deux candidats, nous engageons systématiquement la personne qui a étudié à l’étranger, souligne Anne-Marie Van Rampaey, directrice des ressources humaines du Centre suisse d’électronique et de microtechnique. Nous valorisons l’ouverture d’esprit et les compétences linguistiques de ces étudiants.»
Cette réflexion, Frédéric Kohler, directeur de l’Institut supérieur de formation bancaire, la partage: «Aujourd’hui, lorsqu’une entreprise ouvre un poste, la plupart des candidats présentent d’excellents CV. Un diplôme obtenu à l’étranger est une très bonne manière de se différencier de la concurrence.» Une préférence que certains anciens étudiants ont d’ailleurs ressentie à la fin de leur cursus. Parmi eux, Yoel Perez, qui travaille aujourd’hui pour une grande banque helvétique à Zurich: «En 2008, j’ai intégré la London School of Economics and Politcal Science. A mon retour en Suisse, mon master en management m’a très certainement permis d’obtenir mon premier entretien d’embauche.»
La sélection à l’expérience se manifeste aussi chez Serge Panczuk, mais d’une manière plus pointue. D’après le responsable du recrutement international chez Edwards Lifesciences, entreprise de dispositifs médicaux, «un employeur n’achète pas des compétences ou des connaissances particulières lorsqu’il embauche un jeune diplômé. Comme le monde change si vite, ce qui est appris à l’université est déjà obsolète à la fin des études.» Serge Panczuk «cherche plutôt chez un diplômé une capacité à créer ou encore des aptitudes à résoudre des problèmes. Un départ à l’étranger montre que l’étudiant a su prendre des risques, sortir de son cocon, qu’il a su se remettre en question. Surmonter un choc culturel en dit beaucoup sur une personne, c’est pourquoi les employeurs accordent autant d’importance à l’expérience à l’étranger.»
Les entreprises s’intéressent également aux contacts que les étudiants ont établis durant leur séjour hors de la Suisse. «Ils apportent souvent un réseau très différent de celui de la plupart des autres candidats, qui peut être très utile.»
02. La nécessité de valoriser son expérience
Si, sur le plan professionnel, un départ apporte beaucoup aux étudiants dans leur recherche d’un emploi, le principe ne représente cependant pas la solution miracle. Chiara von Gunten, 29 ans, pense que son master à la London School of Economics and Political Sciences n’a pas joué un rôle prépondérant lorsqu’elle s’est mise en quête de son premier job: «Mon employeur a plutôt regardé mon expérience générale. Le fait que j’ai étudié à Londres m’a servi, mais le papier en soi n’a pas vraiment compté.» Quant à Adrià Budry Carbó, 25 ans, qui a terminé son master à Londres il y a un peu plus d’un an et qui cherche un emploi fixe, il estime que son diplôme ne l’aide pas particulièrement: «Mes potentiels employeurs mentionnent mon diplôme de temps à autre lors des entretiens d’embauche. Mais, très souvent, mon expérience compte bien plus que mon diplôme.»
Comment faire pour valoriser au maximum son expérience à l’étranger? Etudier dans une grande université anglo-saxonne continue à séduire les responsables des ressources humaines. «Ces institutions présentent une vraie plus-value», indique Serge Panczuk. Mais d’autres hautes écoles tirent leur épingle du jeu. «Nous savons que les classements universitaires internationaux comme celui du Times ou de Shanghai, qui placent systématiquement les anglo-saxons en tête, sont incomplets, précise Frédéric Kohler. Il existe beaucoup d’autres institutions intéressantes en Europe et en Asie.» L’expert recommande alors de viser des pays au fort potentiel économique. Lors de la sortie du film L’auberge espagnole, le héros du film, joué par Romain Duris, se rendait en Espagne, alors en plein boom économique, pour décrocher ensuite un poste au sein d’une entreprise française. «Aujourd’hui, des études au Brésil ou en Chine augmentent fortement les chances de trouver un emploi», précise l’expert.
Malgré tout, l’écart culturel offert par une formation à l’étranger est le facteur le plus déterminant. «Un étudiant romand qui part étudier à Berlin a plus de valeur qu’un étudiant romand parti à Paris. Il se sera acclimaté à un autre milieu culturel et linguistique, ce qui est un vrai défi. De même, un jeune qui part en Chine présente un profil encore plus intéressant, tant l’adaptation y est difficile.»
03. Des études coûteuses
Etudier à l’étranger reste un projet ambitieux et cher. Les masters anglo-saxons peuvent coûter facilement entre 30 000 et 60 000 francs. Et si certaines autres écoles européennes restent abordables, un nombre croissant d’établissements ont augmenté leurs frais de scolarité, comme HEC Paris qui facture environ 15 000 francs l’année ou l’Université Carlos III à Madrid qui demande 28 000 francs par année pour un master en administration. Et ceci sans compter les frais de vie.
«J’ai travaillé durant toutes mes études à Genève et vendu ma voiture avant de partir à Londres, explique Maryam Samsam Bakhtiari. Cela n’a pas suffi pour payer mon master à la London School of Economics and Political Sciences. Heureusement, mes parents m’ont soutenue. Sans leur appui, je n’aurais jamais pu partir.» Très souvent, malgré les avantages professionnels d’un séjour à l’étranger, un étudiant n’obtient que très rarement un véritable retour sur investissement.
Cette expérience reste réservée aux élèves plutôt aisés. «En général, les Suisses parviennent plus facilement à partir car leurs revenus sont plus élevés que ceux des autres Européens, explique Véronique Martinet, une responsable de Studyrama, plateforme de promotion des études à l’étranger. Mais l’assistance des parents est essentielle.»
Pour leur venir en aide, les étudiants peuvent recourir à une série de bourses, comme celles du programme Fulbright. Financées en partie par le gouvernement américain, elles permettent de mener ou de parfaire un cursus aux Etats-Unis. «Ces bourses sont peu nombreuses et restent réservées à une poignée d’étudiants exceptionnels», spécifie encore la spécialiste.
Pour Jean-Philippe Leresche, professeur de science politique à l’Université de Lausanne, le lourd engagement financier d’un étudiant est une conséquence de l’internationalisation des études: «Tout le monde vante les bienfaits de l’ouverture du système académique, mais le phénomène creuse clairement de nouvelles inégalités entre les étudiants aisés qui ont des diplômes de renom et ceux restés en Suisse.»
Lire aussi en page 68.
ERASMUS
Success story à l’européenne
Lancé il y a un peu plus d’un quart de siècle, Erasmus est aujourd’hui le programme de mobilité le plus connnu au monde.
Depuis ses débuts en 1987, Erasmus a permis à plus de trois millions d’étudiants de séjourner à l’étranger. Un succès phénoménal qui a transformé l’expérience des études en Europe. De 3244 en 1987, le nombre d’étudiants est passé à 252 827 durant l’année universitaire 2011-2012. Même constat au niveau suisse. Contre 353 il y a vingt-six ans, ils ont été 2642 en 2012 (voir l’infographie).
«C’est devenu tout à fait naturel pour les étudiants. Ils sont vraiment accros au fait de partir», s’exclame Antoinette Charon Wauters, cheffe des relations internationales de l’Université de Lausanne et ambassadrice Erasmus pour la Suisse. Afin de répondre à cette tendance, la Commission européenne a fini par donner son feu vert à ce qui s’appellera dorénavant Erasmus +. Un programme unique et simplifié qui englobera l’ensemble des plateformes existantes en matière d’éducation et de formation (Comenius, Erasmus, Erasmus Mundus, Leonardo da Vinci et Grundtvig), de jeunesse (Jeunesse en action) et comprendra, pour la toute première fois, un volet consacré au sport.
Dès 2014 et d’ici à 2020, plus de quatre millions de personnes auront ainsi la possibilité d’étudier, se former, enseigner ou travailler dans un autre pays de l’UE, soit une augmentation de 40% par rapport aux offres de mobilité actuelles. Dotée d’un budget global de plus de 14 milliards d’euros, contre 3,1 milliards d’euros pour la période 2007-2013, cette réforme sera financée tant par l’Union européenne que par des partenaires extérieurs, soit des entreprises, universités ou autres institutions.
«Nous ne savons pas encore à quel point la Suisse sera intégrée à cette réforme, mais nous y participons», se réjouit Antoinette Charon Wauters. Et d’expliquer son contentement. En 1993, la Suisse avait été exclue des programmes d’éducation de l’Union européenne à la suite du refus du peuple d’adhérer à l’Espace économique européen. Ignorée par la Commission européenne depuis lors, elle y prenait part de manière indirecte, c’est-à-dire sur la base d’accords passés pour chaque projet avec les institutions partenaires. Ce n’est qu’en janvier 2011 que la Suisse a de nouveau été admise en tant que membre à part entière d’Erasmus.
Fort de ses trente-trois pays participants (les vingt-huit Etats de l’UE, les quatre de l’AELE et la Turquie), Erasmus est un outil d’intégration européenne indispensable, qui a d’ailleurs ouvert la voie au processus de Bologne en 1999. Ces cinq dernières années, pas moins de 400 000 étudiants européens ont ainsi effectué des séjours à l’étranger. Selon les statistiques européennes, les destinations les plus prisées ont été l’Espagne (39 300 étudiants), la France (28 964), l’Allemagne (27 872) et le Royaume-Uni (25 ’760). Quant aux Suisses, ils ont préféré l’Allemagne (587), avant de se tourner vers la France (378), l’Espagne (363) puis le Royaume-Uni (299).
ETUDES
Les conseils pour partir à l’étranger
01. Se préparer à l’avance: la décision de partir ne se prend pas du jour au lendemain. Les universités étrangères exigent souvent les candidatures des étudiants six mois avant le début des cours. De plus, certaines institutions demandent des tests de langue comme le TOEFL en anglais ou des examens de logique comme le GRE ou le GMATH, qui requièrent plusieurs semaines de préparation.
02. Se renseigner: étape essentielle. Le futur étudiant doit obtenir le maximum d’informations sur le pays et l’institution ciblée. Quelles sont les conditions d’entrée au sein de l’université? Quel est le contenu exact du programme? Quelles sont les possibilités de stage?
03. Chercher des bourses: les universités étrangères offrent parfois des bourses d’excellence académique, sportive ou sociale, qu’on trouve directement sur leur site internet. Mais il est aussi possible de les appeler directement. En Suisse, la Conférence des recteurs des universités suisses (CRUS) dispose d’informations sur les différentes bourses disponibles pour partir étudier à l’étranger.
04. Faire un budget détaillé: celui-ci doit inclure les frais d’écolage et le coût de la vie dans le pays visé par l’étudiant, mais également les coûts annexes comme les trajets en train ou en avion entre le domicile et l’université, ainsi que le prix des livres utilisés lors des cours.
05. Visiter l’université: une tradition anglo-saxonne qui vaut la peine d’être prise en considération. Lorsqu’un étudiant décide d’investir plusieurs dizaines de milliers de francs dans un diplôme, il est essentiel que l’institution dans laquelle il va séjourner plusieurs années lui plaise.
New York Gaspard Nemec, 28 ans, médias
Gaspard Nemec est venu à New York pour obtenir un diplôme qui n’existait pas en Suisse. Il s’est inscrit à la New School, l’université privée new-yorkaise qui a formé Woody Allen et Eleanor Roosevelt, pour suivre un programme multidisciplinaire en media studies. «J’y ai appris à tourner des documentaires et j’en ai fait mon métier», dit-il. Le Genevois, qui avait obtenu un bachelor à HEC Lausanne, travaille aujourd’hui en tant que vidéaste indépendant à New York pour différents médias, comme le sulfureux VICE.
Londres Maryam Samsam Bakthiari, 29 ans, économie
En septembre 2008, Maryam Samsam Bakthiari part pour l’Angleterre. Son but: décrocher son master en politique économique européenne à la London School of Economics and Political Sciences. «Les cours étaient très différents de ceux des universités suisses. Il y avait très peu d’étudiants par classe, il fallait rendre des papiers toutes les semaines. J’ai adoré.» Le prix: 26 000 francs, financé par ses économies et ses parents. Rentrée en Suisse, la jeune diplômée se tourne naturellement vers HSBC: «La banque britannique connaissait bien mon école, je reste convaincue que c’est une des raisons pour lesquelles j’ai obtenu un entretien, puis le poste.»
Tokyo Antoine Roth, 26 ans, relations internationales
Antoine Roth va commencer un doctorat sur les relations entre la Chine et le Japon à l’Université de Tokyo: «Je parle japonais, j’apprends le chinois. Et je connais de mieux en mieux les institutions asiatiques. Je compte sur cette spécialisation pour me démarquer d’autres candidats en vue d’une carrière académique ou au sein de think tanks.» Avant cela, le jeune homme a décroché un master en études asiatiques à la George Washington University, à Washington D. C. «Je voulais aller dans l’un des meilleurs programmes de mon domaine d’études.» Le coût de son diplôme: 53 000 dollars.
New York Sara Bhasin, 25 ans, histoire de l’art
Sara Bhasin s’est installée à Brooklyn pour y suivre les cours du Pratt Institute, l’une des écoles d’art les plus prestigieuses des Etats-Unis, avec l’intention d’y obtenir un master en histoire de l’art. En venant étudier à New York, la Genevoise voulait se rapprocher des milieux artistiques. «A la place d’analyser des œuvres d’art sur des diapositives, terrée dans une classe sombre, je peux me rendre dans les plus grands musées du monde, comme le MOMA ou le Whitney Museum of Art. Et la ville domine aussi le monde de l’art contemporain, un domaine qui me fascine. Mes études sont totalement différentes de ce que j’aurais vécu à Genève.»
Berlin Christopher Egger, 29 ans, photographie
Passionné de photo documentaire, Christopher Egger est parti en 2011 à Berlin pour un diplôme en photographie à la Neue Schule für Fotografie. «Berlin, c’est la maison, pour moi. L’Allemagne reste très proche culturellement de la Suisse.» L’attrait principal de la ville: son coût. Les taxes de son école se montent à 2500 euros par an, et l’étudiant subvient à ses besoins avec environ 1000 euros par mois. «La ville est spécialement peu chère. Etudier la photographie à Lausanne ou Vevey m’aurait coûté bien plus. Et Berlin regorge de jeunes artistes et d’autres photographes, ce qui est très inspirant.»