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Meapasculpa: Justin et George aiment les filles

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Jeudi, 11 Août, 2016 - 05:56

Il y a quelque temps, on apprenait que le chanteur Justin Bieber, en quête de reconnaissance par le milieu du cinéma, refusait de tourner un film dans lequel le chanteur qu’il aurait incarné avait une relation érotique avec un autre homme. Si, dans le cas particulier de Justin Bieber, cela prouve qu’il n’a définitivement pas l’étoffe d’un comédien, la question soulève un champ d’ambiguïtés lié au désir et au cinéma absolument passionnant.

Moi-même, je m’interroge: si George Clooney était gay, et que son mariage avec la brillantissime Amal Alamuddin n’était qu’une simple couverture pour mieux le lancer dans une carrière politique, comme de persistantes rumeurs ne cessent de l’affirmer, l’aimerais-je autant au cinéma? Serais-je autant séduite, prise, emballée, lorsque ses personnages tombent amoureux de filles auxquelles je m’identifie forcément en tant que spectatrice? Nous avons beau savoir que c’est du cinéma, nous avons aussi besoin d’y croire.

Le monde des fans de Twilight s’est écroulé lorsqu’ils ont appris que le couple fabuleux et mythique formé par Kristen Stewart (ci-contre) et Robert Pattinson ne durerait pas plus que le temps de la saga, et que Bella préférait finalement les filles comme Soko ou Alicia Cargile, car cela prouvait aux malheureux que tout ceci n’était réellement que du cinéma.

Justin Bieber n’a évidemment rien contre les gays mais une peur bleue qu’un rôle de gay au cinéma atténue l’hystérie de ses fans filles, qui se sentiraient trahies par leur idole. Aucune d’entre elles, ou presque, ne va un jour réellement avoir une relation avec Justin. Mais c’est comme au cinéma: il faut croire à la possible réalisation du désir pour éprouver le désir – et acheter son ticket de cinéma ou sa place de concert.

Justin a hélas raison: c’est plus grave pour les hommes. Les garçons adorent regarder des scènes érotiques de filles entre elles, genre Naomi Watts et Laura Harring dans Mulholland Drive ou Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos dans La vie d’Adèle. Ils s’imaginent très bien inclure leur propre personne dans le jeu – un effet sans doute de la suffisance mâle à se juger irremplaçable. En tous les cas, ils ne voient pas comme un obstacle à leur propre libido l’apparente préférence de la demoiselle pour une autre demoiselle. Et les exemples de femmes stars qui passent d’un sexe à l’autre, genre Madonna ou Amber Heard, abondent. Contrairement aux hommes, dont aucun n’est officiellement revenu du gay pays pour celui de Barbie.

Donc, cher George, messieurs les acteurs, moins on en sait sur votre vie privée et sexuelle, mieux c’est. Vous êtes au service de nos fantasmes. Restez vierges, pages blanches sur lesquelles nous écrivons nos jours, et nos nuits.

isabelle.falconnier@hebdo.ch

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