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Des layettes made in Switzerland

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Jeudi, 6 Février, 2014 - 05:54

Reportage.Des habits entièrement fabriqués en Suisse? Ça existe! Au cœur de l’Emmental, l’entreprise Frilo produit manteaux, grenouillères et chaussons pour bébés.

 

Huttwil, village de 4740 habitants dans l’Emmental, dans le canton de Berne. Dans un quartier près de la gare, le Friloweg. Bordé de champs enneigés d’un côté et de coquettes maisons de l’autre, il mène à une grande bâtisse à la peinture un peu défraîchie. C’est là, dans ce vaste bâtiment avec vue sur les forêts environnantes, que l’entreprise Frilo produit des habits pour bébés en tricot.

Pas de sous-traitance à l’étranger: tout est fabriqué sur place, de A à Z, par une équipe de 9 ouvrières, dont 3 travaillent à domicile.

A la tête de cette PME, Patrizia Vietri, 37 ans, et son époux Mauro, 35 ans. Elle a terminé une formation d’employée de commerce, poursuivi des études à l’Ecole suisse du textile, à Wattwil, avant de s’occuper des achats de vêtements pour des magasins comme Vögele, Loeb et les boutiques Kaktus. C’est son grand-père, Fritz Loosli, qui, en 1927, a fondé l’entreprise à laquelle il a donné son nom (FriLo).

Fils d’immigrés italiens, Mauro Vietri, lui, a fait un apprentissage de photographe avant de travailler dans la vente d’équipements pour les garages.

«Je gagnais bien ma vie lorsque mes parents ont commencé à se demander ce qu’ils allaient faire de leur PME», raconte  Patrizia Vietri. L’entreprise bernoise produit alors des articles pour les marques Bonpoint ou Tartine et Chocolat et pour son propre label, Frilo. «Mais le chiffre d’affaires baissait et mes parents ont cessé d’investir. Plus personne ne croyait qu’il était possible de produire en Suisse.»

Patrizia et Mauro Vietri refusent de laisser couler l’entreprise familiale. Ils veulent y croire. La jeune femme quitte son poste et se lance dans un tour de Suisse à la rencontre des clients de la marque – soit des magasins – la collection dans ses bagages. Elle pose des questions, sonde les envies des acheteurs, une dizaine de boutiques spécialisées, et gagne de nouvelles enseignes. «Mes interlocuteurs me disaient: “Si vous nous amenez de nouveaux modèles et couleurs, nous passons commande.”»

De retour à Huttwil, elle se met au travail, imagine d’autres modèles, enrichit la palette des coloris, édite un catalogue.

A l’assaut du marché international. Même si les clients suisses sont fidèles, ce n’est cependant pas suffisant: le couple décide alors de partir à l’assaut du marché international. Patrizia et Mauro Vietri participent à une première foire d’habits pour enfants à Amsterdam, la Kleine Fabriek. «Nous en sommes revenus avec 20 000 francs de commandes.» Suivront celles de Paris et de Florence, la plus importante. «Quand j’ai vu les stands, immenses, des autres exposants, j’ai dit à mon mari: “C’est la honte avec nos deux valises. Repartons!” Mais j’ai changé d’avis en voyant les quelques mètres qui nous étaient réservés dans le secteur plus modeste des petites marques. Les acheteurs sont venus à nous.»

Aujourd’hui, Frilo vend ses habits dans le monde entier: Etats-Unis, Canada, Russie, Ukraine, Allemagne, France, Norvège, Benelux, Autriche, Angleterre et Japon. «En Suisse, nous venons également d’entrer dans les magasins Globus. Nous sommes très contents.»

Mais évidemment, pour le couple, pas question de se reposer sur ses lauriers. Des couvertures aux grenouillères en passant par les brassières et les chaussons, Frilo propose aujourd’hui trente modèles, en laine de mérinos ou en coton, dans six couleurs différentes. Le jeune couple vient également d’imaginer des habits avec le point perle et d’autres avec des torsades. Il faut innover pour avancer.

«Par collection, nous proposons 12 silhouettes pour les filles et 12 pour les garçons.» Au rez-de-chaussée, huit machines – dont trois de la dernière génération – produisent les tissus en maille nuit et jour. C’est Mauro Vietri, parti se former en Allemagne, qui les pilote depuis un ordinateur au centre de l’atelier.
La laine provient du nord de l’Italie.

Au premier étage du bâtiment ce jeudi matin, trois femmes travaillent assidûment: l’une est à la coupe, une autre s’affaire derrière une surfileuse et une troisième brode des couvertures pour bébé à l’aide d’une machine spéciale. Des ouvrières à domicile s’occuperont des finitions.

La petite équipe ne chôme pas. Fin janvier, la nouvelle collection pour l’été devra avoir été livrée aux clients, alors qu’à la mi-mars, toutes les commandes seront rentrées et la petite entreprise pourra se lancer dans la production de la collection d’hiver. Un rythme qui a de quoi contredire la légendaire lenteur des Bernois...

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Béatrice Devènes
Béatrice Devènes
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