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Comment épouser un riche (et le garder)

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Jeudi, 13 Février, 2014 - 05:52

Couple.Et si le fantasme «Pretty Woman», elle sublime, lui richissime, était celui de chacun d’entre nous? Pour vivre et faire durer le rêve, il faut développer le meilleur de soi-même. Inattendu et déculpabilisant.

C’est fou ce que la recette du conte de fées est éculée. Saint-Valentin 2014 et toujours les mêmes ingrédients. Une enfance de misère, une force de caractère et un coup de foudre entre une pauvrette et un tombeur du compte en banque. Dans l’actu rose, ces temps, il y a l’exemple de la top-modèle russe Natalia Vodianova, en couple avec Antoine Arnault, l’héritier de LVMH. Un bébé au printemps. Enfant, le visage du parfum Shalimar vendait des légumes sur le marché de Nijni Novgorod. A 19 ans, ne perdant pas le nord, elle épouse un jeune lord anglais richissime. Dont elle divorce, trois enfants plus tard, pour devenir la belle-fille de la première fortune de France.

Autre réussite, celle de Margarita Bogdanova, née à Leningrad, orpheline à 7 ans. Des études d’économie et un mariage éclair avec un Suisse allemand la conduisent à Zurich. En 1989, elle économise sou à sou pour aller à New York en Concorde. Inquiète par le retard du vol pour Londres où l’attend le supersonique, elle interroge son voisin de siège, au style négligé. Coup de foudre. Robert Louis-Dreyfus est une grosse fortune du négoce de matières premières. En 2014, «MLD» est veuve, mère de trois fils, patronne de l’Olympique de Marseille et troisième fortune de Suisse avec plus de 5 milliards de francs.

La piste biologique. Recette éculée mais efficace. Et si c’était cela, le secret des histoires d’amour, cette attirance entre la beauté et la réussite, la féminité et le confort, la sensualité et l’argent? Et si les couples stars qui font rêver étaient ceux que l’on rêve de former soi-même? Epouser un beau parti, c’est peut-être d’abord répondre à une attirance qui va de soi, depuis la nuit des temps.

Yves-Alexandre Thalmann est un psychologue fribourgeois et un auteur reconnu pour ses guides de développement personnel (Editions Jouvence, Odile Jacob, Grasset…). Plusieurs de ses 30 ouvrages parlent de l’amour, du couple, de la séduction. A la question «Comment épouser un beau parti?», il évoque d’emblée… la biologie, qui ferait la loi depuis Cro-Magnon. Ces câblages neuronaux et ces «logiciels» de cerveaux homme/femme qui réagissent différemment en période de séduction et de reproduction. «Le logiciel homme est sensible au physique de la femme, à ses formes et à sa jeunesse, garants d’un taux de fécondité élevé. Tandis que le logiciel femme la dirige vers un mâle dominant, rassurant, plutôt chef que sous-fifre.» Oui, affirme le psychologue, on a hérité de ça. Cela continue de fonctionner inconsciemment ainsi.

Et Yves-Alexandre Thalmann, féru d’études scientifiques anglo-saxonnes, de rapporter cette observation: aux Etats-Unis, des danseuses de lap dance, qui notaient leur cycle menstruel, ont vu leurs pourboires bondir du simple au double le jour de leur ovulation. En revanche, aucun bonus pour leurs collègues sous contraceptif. Au pic de leur fécondité, les femmes seraient beaucoup plus attirées par des mâles bourrés de testostérone que par des hommes moins virils. Et les intéressés reçoivent des signaux.

L’ascenseur social façon star, Ilham Wawrinka l’a pris récemment. Grâce à son mari, qui ne manque pas d’hormones masculines, devenu désormais vedette mondiale avec sa formidable victoire à Melbourne. Ce nom de famille, celui que son époux lui a offert en guise de dot, a ainsi fait la une du magazine Paris Match: une consécration de papier glacé. Sur une pleine page intérieure, elle est radieuse, aussi bronzée que brumisée, elle étreint son homme. Cela n’a pas été facile, mais l’ancien mannequin et speakerine de la TSR se retrouve ainsi avec un beau parti. Au moment des noces, en 2009, Stanislas était un tennisman prometteur, et il a tenu ses promesses. Ilham et Stan, beauté et réussite, le couple qui fait rêver, du Gros-de-Vaud à Rarogne.

Les célibataires riches et célèbres sont ainsi très sollicités. Et rarement seuls. Les stars du sport optimisent leur capital (virilité, argent, notoriété) avec une compagne à la plastique parfaite. C’est primordial désormais pour la com, le marketing et leur reflet dans le miroir au saut du lit. Dans le tennis, Djokovic sort avec une top-modèle. Berdych sort avec une top-modèle en Louboutin. Nadal sort avec une jolie Espagnole de son village natal. Elle l’avait quitté au début. Elle est revenue après qu’il a gagné son premier tournoi du Grand Chelem. Dans le foot, c’est la même chose. Pas de chômage sexuello-affectif, de la sollicitation permanente. Alors faut faire gaffe. «Quand un de mes joueurs flashe sur une fille, je lui dis une seule chose: mets un préservatif», raconte cet agent sportif installé sur la Riviera vaudoise.

Se sentir vivant. Mais les femmes (et les hommes) qui recherchent le beau parti ne sont pas toutes vénales. Trop simple. Cette attraction répond plutôt à un besoin très fort, un besoin générationnel et qui touche l’époque que nous vivons tous, qu’on ait 20 ou 60 ans. Le besoin de vibrer. De ressentir, de se sentir vivant. Une notion très forte pour ceux de la génération Y qui ont entre 25 et 30 ans. Une sensation que la génération X ne recherchait pas en priorité.

Véronique Corniola, la cinquantaine, dirige à Paris l’Ecole française de séduction, rue Cambon, à deux pas de chez Chanel. Elle est coach et sexothérapeute gestalt depuis vingt et un ans. A la fin des années 80, elle était conseillère matrimoniale. Elle a vu l’évolution de la demande. Aujourd’hui, ses clientes ont bac +5, sont chirurgiennes, avocates, juristes internationales. Une génération de femmes belles, actives et indépendantes financièrement. Ce qu’elles recherchent toutes? «Un homme d’un bon niveau car ainsi, disent-elles, il va me faire rêver. Ensuite, l’argent. Ensuite, le sexe.» Les femmes qui traquent le millionnaire, elle en a vu très peu venir chez elle, et elle a refusé de les coacher. «Paresseuses de l’intellect, elles ont en revanche une intelligence pratique développée. Elles connaissent les hommes mais ne les aiment pas forcément. Elles ont besoin d’être gratifiées aux yeux de la société.»

Epouser un riche pour assurer ses rêves? Encore faut-il savoir quel type de riche. Les nouveaux milliardaires savent faire de l’argent, mais ne sont pas cultivés, dit-on. Ils ne veulent pas d’une femme qui leur fasse de l’ombre. Les hommes richissimes, héritiers de père en fils, se font rarissimes et se marient dans leur caste, dit-on aussi. Et pourtant, des unions existent entre deux partis qu’un monde sépare a priori. Comment une femme, ou un homme, font-ils pour séduire un(e) millionnaire?

En 1961, à Paris, Nadine Tallier, 26 ans, comédienne séduisante et rieuse, est invitée à un dîner. Elle ne veut pas y aller. Elle saisit son téléphone, compose le numéro qui sonne occupé. Et occupé. Ne pouvant annuler, elle s’y rend. «J’ai failli rater ma vie», dit-elle aujourd’hui, dans un petit salon du château de Pregny, près de Genève. Ce soir-là, à table, elle est assise à côté d’Edmond de Rothschild, 33 ans, «marié depuis un an et déjà en train de divorcer». Nadine deviendra baronne un an plus tard. Comment épouser un beau parti, Madame? Une seule exigence: du travail, du travail, du travail. Etre ravissante est un atout? «Une femme belle, c’est quinze jours de gagnés sur une femme intelligente.» Avoir les faveurs du destin? «Cinq minutes de chance, la sixième, c’est du travail.» Alors, comment? «J’ai passé ma vie à écouter mon mari.»

Savoir se sacrifier. Nadine de Rothschild est restée mariée trente-six ans, jusqu’au décès de son époux, l’un des hommes les plus convoités du monde. «J’ai fait d’énormes sacrifices. Et j’ai compris que les hommes ont besoin de retrouver la tendresse et la chaleur de leur mère dans les bras d’une femme. Aujourd’hui, la femme veut parler, parler d’elle, c’est moi, moi, moi. Alors que c’est à elle de faire parler l’homme, de s’intéresser à lui, de lui poser des questions sur son métier. Il faut arrêter de parler de soi et se faire désirer. Puis accepter les défauts de l’autre. Ce sont toujours les femmes qui mettent les hommes dehors. Qui demandent le divorce. Les hommes, eux, veulent tout garder. Alors attention, car si, avant on pouvait dire “Un de perdu, dix de retrouvés”, aujourd’hui, c’est “Un de perdu, aucun de retrouvé”. La concurrence féminine est beaucoup plus rude.» Et enfin: «Je n’ai jamais imposé quoi que ce soit à un homme, je ne suis jamais entrée dans sa vie privée. C’est à vous de faire VOTRE bonheur.»

Beaucoup de candidats, peu d’élus. Attendre du beau parti qu’il réalise nos rêves, c’est peut-être faire fausse route, non? Et si le beau parti était celui qui contribue à nous révéler à nous-même? A faire de nous un être plus accompli, plus libre? Dans un livre qui sort ce 13 février, Tout à fait homme – Le bonheur, c’est le désir (Ed. Odile Jacob), 200 hommes, riches et moins riches, confient ce qu’ils attendent des femmes à la Genevoise Barbara Polla, galeriste et écrivain. Elle retient comme quintessence de son enquête les mots de Julien, 32 ans, tailleur de pierres dans un château du nord de la France: «Que sa partenaire augmente son degré de liberté, qu’elle le stimule constamment plutôt qu’elle ne l’enferme. Le beau parti est celui qui va le rapprocher de ses vrais désirs.»

Qu’on rêve de vacances à l’île Moustique ou de purification des chakras, pour épouser un beau parti (et le garder), il faut d’abord s’aimer soi-même. S’être trouvé pour trouver son alter ego. On peut épouser pour prendre l’ascenseur social. Cela ne marche pas à tous les coups. Beaucoup de candidats, peu d’élus. En revanche, lorsqu’on est monté, on n’épousera plus que dans sa classe de fortune. C’est bien connu, on épouse presque toujours dans son milieu.

Margarita Louis-Dreyfus est une milliardaire à vie. C’est à Davos qu’elle a rencontré son nouveau partenaire, un habitué de la station. Il s’appelle Philipp Hildebrand, il était patron de la Banque nationale suisse. Pour certains, le lift ne s’arrête qu’au dernier étage.


Berkeley international
L’agence tout fric

Pour certains, l’amour se gère comme un portefeuille d’actions. Pour eux existe une sorte d’agence matrimoniale de luxe, créée en 1998, affichant des armoiries façon grande marque de tabac et un nom sonnant intello décoincé. Cette entreprise, Berkeley International, installée dans les grandes capitales occidentales, y compris Genève, propose aux hommes et aux femmes trop pressés pour vivre de leur trouver «l’âme sœur» parfaite. Parce que ces membres paient leur abonnement de 10 000 euros (pour qu’on leur trouve un élu dans leur pays) à 50 000 euros (recherche dans le monde entier), et qu’ils déclinent tout de leur intimité (acte de divorce, salaire, biens immobiliers, actions, niveaux culturel et intellectuel, etc.), ils ont la garantie que cet amour sur mesure ne pourra les arnaquer: c’est dans le vivier de l’agence que les célibataires sont puisés pour se rencontrer, au rythme de huit tête-à-tête par année. Trois cents Suisses ont déjà souscrit. «Pour aider chaque couple naissant à s’épanouir, (l’entreprise) proposera prochainement un service de conciergerie amoureuse.» Pour tenir la chandelle ou dérouler la capote?


Ferrer la proie, mode d’emploi

Si vous êtes un homme
- Apprenez des rudiments de russe.
- Investissez dans une paire de chaussures trop chères pour vous.
- Apprenez à écouter au lieu de la ramener: donnez à votre interlocutrice le sentiment que sa vie est incroyable.
- Lisez Marcel Rufo, le pédopsy: un rôle de beau-père vous pend au nez si Madame, qui a l’âge d’être votre mère, est une quadra divorcée.
- Sapez-vous et faites les boutiques de luxe: riche et très seule, elle appréciera votre avis d’expert.      

Si vous êtes une femme
- Inscrivez-vous au club de golf local, même si vous ne fréquentez que le resto.
- Souriez, encore et toujours, même si vous souffrez le martyre: l’homme riche ne supporte pas que vous salopiez son nirvana par une méchante humeur.
- Abonnez-vous au «Financial Times». Soyez potiche, mais potiche éclairée.
- Prenez un abonnement dans un spa/fitness de palace. En peignoir et claquettes, Monsieur baisse la garde.
- Dégainez une carte de visite classe. Bristol blanc, typo noire, minimaliste. En votre absence, elle rappellera votre élégance.

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