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Ne partons pas fâchés

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Jeudi, 27 Février, 2014 - 05:55

Encore un mythe qui s’écroule. On a longtemps cru que le syndic de Lausanne, Daniel Brélaz, n’avait cure des apparences. Qu’il s’en fichait d’être maigre ou gros, ou très gros, ou de porter des cravates avec des chats que personne d’autre ne voulait porter. C’est ce qu’il disait, et on le croyait. Oubliant qu’avant d’être gros il était politicien. On a même cru qu’il avait commencé à maigrir non pas pour lui, pour être moins laid, mais pour faire plaisir à son médecin de famille ou à ses nouveaux copains acupuncteurs, ou à Marie-Ange, ou encore que c’était comme un concours de volonté entre les époux. Le premier des deux qui a fondu de moitié paie les vacances d’été, tope là?

Pas du tout. M. Brélaz est coquet, très coquet. La preuve par l’étrange, très étrange affaire des costumes trop grands. Vous avez remarqué? Depuis de longues semaines, Daniel se promène, se pavane même, délesté d’un tiers de son poids mais sans avoir pour autant changé ni son manteau d’hiver, ni ses vestes de costumes, ni ses pantalons de costumes. Le résultat fait peine à voir et embarrasse désormais autant la cité que son ex-embonpoint.

A sa place, n’importe qui se serait précipité chez PKZ pour mettre en avant sa sveltesse et sa beauté retrouvées en galbant son nouveau tour de taille avec un petit 48. Lui fait, à l’envers, ce que font à peu près toutes les femmes qui cherchent à se motiver pour perdre quelques kilos: acheter la robe de leur rêve, mais une taille trop petite. La porter devient la récompense postrégime, la carotte après le labeur. Je prétends que Brélaz affiche ses nippes trois fois trop grandes pour exhiber à la face du monde ses kilos perdus, forçant l’admiration qui doit s’ensuivre. Il n’oublie pas les racines protestantes de sa ville et jette l’effort fourni à la face de ces sujets-concitoyens. Sa récompense, ce sont justement ces habits devenus inadéquats, ridicules, par la force de son exploit diététique. Désormais, c’est lui qui domine et mate ses costumes, pas l’inverse.

Une petite voix charitable me glisse que la psychanalyse verrait dans ces chiffons XXXL flottant sur un corps désormais modeste et normal le refus de faire le deuil de cette graisse si enveloppante, si protectrice. Je ne suis pas charitable. Daniel Brélaz a désormais affaire au regard des autres.

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