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Le skateboard, nouveau sac à main

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Mercredi, 31 Juillet, 2013 - 05:54

PHENOMENE. Le skateboard est le nouvel «it» de l’été. Autrefois utilisée uniquement par les connaisseurs, la planche à roulettes fait un retour vintage et devient un accessoire de mode.

Vicky Huguelet

Mesdames, rangez vos talons de 12. Le skateboard est de retour. Plus qu’un moyen de se déplacer ou de faire du sport, il sert aujourd’hui d’accessoire. D’après le magazine français Be, «à Los Angeles, le skate, c’est le nouveau sac à main». On le retrouve partout, même dans le luxe: Chanel, la créatrice Isabel Marant, la maison de couture parisienne Céline ou encore la marque Sandro ont créé leurs propres planches.

Si le côté mode séduit les filles, elles ne sont pas les seules à suivre l’engouement général. Loïc a 20 ans et a commencé de rouler il y a cinq mois, lors d’un voyage aux Etats-Unis: «J’étais à Miami, tout le monde avait un skate là-bas. En revenant en Suisse, je pensais que je serais un des seuls. Mais, entre-temps, c’est devenu une mode…»

Le phénomène envahit peu à peu nos villes. Léane a 13 ans et se promène au bord du lac de Neuchâtel avec, sous le bras, sa planche bleu fluo. Elle l’a achetée le jour même. A côté d’elle, sa maman. «J’en faisais aussi quand j’avais son âge. C’était exactement les mêmes planches!» 

Ces petits skates en plastique fluo, techniquement basiques et bon marché, Desmond, employé dans le magasin freestyle VSS Shop à Neuchâtel, en vend beaucoup depuis quelque temps. Le profil des acheteurs? «Ce sont des filles de 15-20 ans. Je pense qu’elles les achètent parce qu’ils sont courts et faciles à porter.» Mais toutes les filles de cet âge ne sont pas enthousiastes à l’idée de voir le skateboard devenir un accessoire de mode: «C’est n’importe quoi, ceux qui portent leur planche sous le bras! Si on a un skate, il faut savoir se déplacer», s’indigne Fannie, 15 ans.

Pour les amateurs. Les planches aux couleurs criardes se sont fait une place au-delà des commerces spécialisés. Chez Ochsner Sport, à Lausanne, elles remplissent un bon rayon des engins à roulettes. D’après Paulo, vendeur, «depuis qu’on a ce genre de skates, on en écoule une dizaine par semaine. Les autres ne partent plus.» L’employé retient que ces planches tendance sont des modèles «peu performants, moins stables que des skates en bois classiques». «Si l’on veut vraiment apprendre ce sport, on ne choisit pas ça. C’est un effet de mode.» Chez Dosenbach, même son de cloche: «Ceux qui achètent ce type de skateboards sont des jeunes qui n’y connaissent pas grand-chose. Ils se cassent facilement», explique Johann, vendeur. «Mais c’est vrai que, comme accessoire, c’est sympa!» ironise-t-il.

Un avis que partage Christophe Jaccoud, sociologue du sport. «Ces skates en plastique sont aux skates habituels ce que Swatch est aux montres de luxe: ça ressemble à un jouet, c’est coloré et pas cher.» D’après lui, une des explications de l’utilisation du skateboard dans la mode souligne le fait que celle-ci, depuis une quarantaine d’années, «est devenue indissociable du sport. A l’exemple des vêtements Lacoste dérivés du tennis ou encore de la marque Adidas qui revient comme produit vintage.» 

La succursale lausannoise de Manor n’échappe pas non plus au phénomène, les petits skates fluos sont alignés en évidence au rayon sport. Son chef, Laurent, sait que «ça va durer une saison et point barre».

«Les gens se font avoir.» Jim Zbinden est un ancien skateur à la tête d’un shop associatif et d’un musée du skate à Genève. Pour ce puriste engagé, «le skate est certes devenu un accessoire de mode, mais les vrais skateurs ne l’utilisent pas de cette façon». «Les gens achètent ces planches flash-fluo-pop-funky-hipster qui s’accordent à leurs fausses Ray-Ban parce que c’est fun.» En revanche, «ils se font avoir. Ces skateboards sont produits exactement de la même manière que dans les années 70, sauf qu’ils sont maintenant le triple du prix. Certains sont passés de 50 à 150 francs!»

Jim Zbinden y trouve un point positif: «Au bout d’un moment, certains se rendent compte que ce n’est pas terrible et vont s’acheter de vrais skates. Ils vont s’intéresser à notre culture.»

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Sandro Campardo
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