L'hiver relativement doux qui se termine paraît propice à une invasion d'insectes. Mais les biologistes relativisent. La nature est bien plus complexe: il n'y a pas que les ravageurs qui profitent des bonnes conditions hivernales, leurs ennemis naturels aussi.
Les insectes partent d'un bon pied cette année, relève Giselher Grabenweger, collaborateur au programme de lutte biologique contre les ravageurs à l'Institut Agroscope. Cela vaut autant pour les organismes utiles que pour les nuisibles, complète l'entomologiste interrogé par l'ats.
Certains hivers aux températures douces peuvent en effet rendre la vie assez dure aux ravageurs, victimes d'insectes prédateurs comme la coccinelle ou l'ichneumon, une sorte de mini-guêpes. Certains agents pathogènes comme des champignons, des bactéries ou des virus peuvent aussi leur être fatals.
Les insectes indigènes sont armés pour passer l'hiver. Les oeufs de pucerons résistent sans problème aux basses températures. Mais cette année, des individus au stade adulte pourraient bien avoir hiberné, ce qui pourrait entraîner des colonisations plus précoces.
Si les conditions météo sont réunies, les attaques contre la végétation pourraient être particulièrement violentes ce printemps avec plusieurs générations d'individus à la clé. En outre, après un hiver doux, les pucerons adultes peuvent être porteurs de virus qui affaiblissent encore davantage les céréales.
Les tiques comme plein d'autres insectes piqueurs risquent aussi d'être précoces cette année en forêt. Avis aux promeneurs et amateurs de jogging, avertit Giselher Grabenweger. En revanche, les conditions semblent moins bonnes pour les moustiques, qui manqueraient de plans d'eau stagnante pour se multiplier.
En ce qui concerne les espèces invasives, comme le moustique tigre venu d'Asie, ils ne seraient pas en mesure de passer l'hiver sous nos latitudes. Cela quand bien même des individus ont pondu des oeufs jusqu'en Suisse alémanique l'an dernier.
En revanche il en va tout autrement du capricorne asiatique qui semble apprécier nos contrées et fait de plus en plus régulièrement parler de lui. La lutte contre sa propagation est toujours de mise.