Le procès d'Erwin Sperisen s'ouvre devant le Tribunal criminel de Genève. Le double national suisse et guatémaltèque doit répondre d'assassinats. Il est accusé d'avoir participé ou d'avoir ordonné l'exécution sommaire de dix prisonniers lorsqu'il était à la tête de la police du Guatemala entre juillet 2004 et mars 2007.
Erwin Sperisen nie les faits et plaidera l'acquittement. S'il est reconnu coupable, il encourt une peine pouvant aller jusqu'à la prison à vie. La première journée du procès, qui doit durer trois semaines, sera consacrée aux incidents soulevés par la défense. L'interrogatoire de l'accusé est prévu vendredi.
Une vingtaine de témoins seront appelés à la barre, dont un ancien détenu français qui affirme avoir vu Erwin Sperisen abattre un prisonnier. Javier Figueroa, l'ex-bras droit de l'accusé, figure aussi sur la liste. Poursuivi par la justice autrichienne pour quasiment les mêmes faits que son supérieur, il avait été acquitté en 2013.
Erwin Sperisen, 43 ans, a été arrêté à Genève le 31 août 2012. Il est en Suisse depuis 2007 et a résidé longtemps chez son père, qui est le représentant du Guatemala à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Erwin Sperisen avait démissionné le 20 mars 2007 de sa fonction de chef de la police nationale civile après l'assassinat de parlementaires salvadoriens par les forces de l'ordre au Guatemala.
L'ancien patron de la police guatémaltèque est marié et père de trois enfants. Il est membre du Parti évangélique suisse. Erwin Sperisen, du fait de sa nationalité helvétique, n'a pas pu être extradé au Guatemala pour y être jugé. Le pays d'Amérique centrale, en accord avec l'ONU, a mis en place, en 2006, une Commission internationale contre l'impunité au Guatemala (CICIG).
Cette commission, qui a pour but d'enquêter et d'aider à démanteler les organisations criminelles qui gangrènent le Guatemala, a fourni une partie du matériel sur lequel s'est appuyée la justice genevoise pour rédiger son acte d'accusation. L'arrestation de l'ancien chef de la police guatémaltèque a été permise grâce à une dénonciation déposée par un groupe d'ONG suisses.
La partie plaignante au procès est constituée par la mère d'un détenu dont Erwin Sperisen est soupçonné d'avoir ordonné l'assassinat. Cette dame de 69 ans n'est pas attendue à Genève pour assister aux audiences et sera représentée par deux avocats.