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Meapasculpa: la croire, ou ne pas la croire, telle n’est pas la question

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Jeudi, 15 Mai, 2014 - 05:53

«Vous me croyez ou vous ne me croyez pas, mais je ne savais pas.» De toute l’affaire DSK qui revient sous les projecteurs via le film d’Abel Ferrara Welcome to New York, le personnage le plus trouble et intéressant de l’histoire était et est toujours Anne Sinclair. DSK: une libido hors de contrôle, mais sans surprise. Nafissatou: elle s’est trouvée au mauvais endroit, au mauvais moment. Anne Sinclair, c’était autrement plus complexe, et ça le reste. D’un côté ce leitmotiv qu’elle répète en boucle, hier comme aujourd’hui dans l’émission Un jour, un destin, aveu de faiblesse et d’innocence total: «Je ne savais pas.» De l’autre, le pouvoir absolu. L’argent pour les avocats de DSK, la prestation chez Laurent Delahousse il y a quelques jours, plan com d’une rare perfection, et maintenant le film d’Abel Ferrara que ses amis font tout pour étouffer dans l’œuf, rendre invisible, bloquer sa sortie en salle.

Anne, la douce Anne, Anne au sourire de Madone à l’écran, est une fausse gentille qui cache ses dents de loup sous un pull mohair pour endormir la vigilance des foules que dans le fond elle n’aime pas. La même semaine, on raille les Grimaldi lorsqu’ils prennent leur distance avec le biopic sur Grace Kelly qui va faire l’ouverture du Festival de Cannes, les faisant passer pour de vieux schnocks réactionnaires couvant leurs secrets de famille comme d’étranges créatures anachroniques et pas fun pour un sou. Mais on ne dit rien sur Anne Sinclair alors que, manifestement, sa bande a tout fait et continue à tout faire pour casser les reins du cinéaste américain Abel Ferrara, qui n’est pourtant pas le premier stagiaire venu.

Pas question que la populace s’intéresse à ce film et donc à elle. Femme publique oui, mais quand et où elle le veut. «Vous me croyez ou vous ne me croyez pas, mais je ne savais pas.» Impossible de la croire. Se faire passer, elle, pour la victime alors que pas une fois depuis le début de l’affaire elle n’a prononcé le nom de la véritable agressée, Nafissatou, c’est très fort. Mais elle joue mal les victimes. Elle sonne faux. Impossible de la plaindre alors que de tous côtés s’empilent les preuves de sa puissance et de son influence. Lorsque son ami l’écrivain Dan Franck lance à Vincent Maraval, producteur français du film de Ferrara, qu’elle «dépensera toute sa fortune à détruire (sa) vie», ils savent tous deux qu’elle ne plaisante pas.

La question est: pourquoi veut-elle que l’on pense qu’elle ne savait rien? Pourquoi cultiver ce personnage d’oie blanche qui ne lui sied pas le moins du monde? Parce que la vie de DSK était une des rares choses qu’elle ne contrôlait pas et que cela, c’est inavouable lorsqu’on est Anne Sinclair? Et si elle ne savait pas, pourquoi ne pas accueillir le film de Ferrara avec indifférence? Ce mélange des genres entre la responsable éditoriale du Huffington français et l’ex-femme d’un candidat sérieux à la présidentielle française atteint des limites indécentes. La journaliste me manque.

isabelle.falconnier@hebdo.ch

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Matthias Rhis
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