Séverine Zwahlen, 34 ans, modiste
Une explosion. C’est ce que Séverine Zwahlen a vécu à Yverdon, un beau jour d’août 2010. Cette jeune mère de famille passe alors sa vie en T-shirt et en training. Rétrospectivement, elle l’avoue: «Je ne me sentais pas bien dans cette tenue. Mais je vivais ainsi sans vraiment le voir.» Son problème? Beaucoup de kilos en trop, accumulés durant deux grossesses, soit un passage des tailles 38 à 50. Un jour donc, après une énième séance de shopping aussi infructueuse que désespérante, elle franchit la porte d’une boutique yverdonnoise sur le conseil de belle-maman. Une révélation qu’elle nomme «explosion».
«Il y avait un choix d’habits grande taille, beaux, colorés et bien coupés. Cette découverte a changé ma vie et toute celle de ma famille. Je revivais!» Le courant passe entre elle et la propriétaire, qui lui offre de travailler dans son magasin, quelques heures par semaine. «Un pur plaisir. J’ai découvert la vente, moi qui ai fait un apprentissage d’assistante en hôtellerie.» Hélas, l’endroit ferme six mois plus tard.
Le grand saut
Séverine et son mari n’hésitent pas longtemps. Le marché existe: ils décident d’ouvrir une boutique d’habits grande taille. En deux semaines, ils rassemblent leurs économies et partent un jour à Paris, plus grand centre européen de grossistes. Ils enchaînent les rendez-vous avec les fournisseurs, font enfin une pause et se tâtent: faut-il oui ou non acheter pour 5000 à 6000 francs de stock? Leur TGV part dans une heure. «Mon mari a couru changer les billets et j’ai choisi toute la collection en deux heures.» Des amis bénévoles les aideront à aménager la boutique de 82 mètres carrés et à construire le comptoir, les cabines d’essayage et les portants. «Nous avons ouvert le 5 mars 2011. A peine avions-nous posé le panneau devant le bâtiment qui abrite la boutique que les clients sont arrivés.» Un succès qui ne doit rien au hasard.
«Nos amis nous ont aidés à distribuer des flyers dans toute la région. Aujourd’hui, ils continuent dans d’autres villes romandes.» Un effort qui paie: la boutique ne désemplit pas et Séverine, qui se verse un salaire mensuel de 5000 francs, part tous les mois à Paris pour choisir de nouveaux vêtements. Elle s’envole également pour Birmingham et Barcelone rencontrer ses fournisseurs. L’an dernier, elle a engagé une collaboratrice à plein temps qui, elle, organise des ventes et des défilés dans les EMS. Et, dans le futur, elle envisage d’agrandir.
du 42 au 70
Les clients de la boutique Pour Toi et Moi viennent de toute la Suisse romande et même de Bâle et des Grisons. «Des adolescentes de 14 ans aux grands-mamans de 90 ans, ma clientèle est variée. J’ai des habits pour tous les goûts, des tailles 42 à 70. J’ai également une collection pour hommes qui va du XL à 8XL. En général, les grandes surfaces s’arrêtent à 50. Et beaucoup d’habits ne sont pas coupés en fonction des diverses morphologies; ce sont simplement des vêtements de taille standard qui ont été agrandis. Par exemple, pour les pantalons, il n’y a pas assez de place pour le ventre.»
Ses kilos superflus, Séverine Zwahlen les assume bien. Souriante, chaleureuse et d’humeur joyeuse, il lui arrive souvent d’écouter les confidences et le parcours de vie des uns et des autres. Comme celui de cette sportive qui a vu son poids augmenter de 30 kilos en quelques mois après un accident et la prise de cortisone. «Cela peut arriver à tout le monde de grossir ainsi en prenant des médicaments. Les gens sont alors perdus.» De fait, la jeune femme adore prendre soin de sa clientèle. «Ici, on s’occupe aussi des cœurs…» n
sabine.pirolt@hebdo.ch
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