Les défenseurs des gardiens de Bochuz ont plaidé mardi à Renens (VD) dans le procès de l'affaire Skander Vogt. Ils ont demandé l'acquittement de leurs clients auxquels rien ne peut être reproché, ont-ils martelé à l'unisson.
Sur neuf prévenus, le procureur a requis des jours-amendes contre deux gardiens et le sous-chef. La partie civile a plaidé l'homicide par négligence contre les trois gardiens et le cadre. Le verdict est attendu au début de l'année prochaine.
Première des avocats des gardiens à prendre la parole, Antonella Cereghetti a tenu à remettre dans son contexte la nuit fatale du 10 au 11 mars 2010 durant laquelle Skander Vogt est mort asphyxié dans sa cellule de haute sécurité. Ces cellules sont appelées "les oubliettes" par les détenus.
Le monde pénitentiaire est "un autre monde" et "nous n'avons aucune idée" de ce que représente un quartier de haute sécurité. "C'est la violence brute", a raconté l'avocate. Elle a reproché au procureur d'avoir "minimisé" la violence de Skander Vogt, ses quatre condamnations, ses insultes, ses menaces et son agressivité.
Me Cereghetti a reconnu toutefois "les ravages" produits par le régime de l'internement qui ont aggravé l'état de Skander Vogt. Dans cet univers, les gardiens "improvisent, ils bricolent", a déploré l'avocate. Leur formation est dérisoire et les moyens à leur disposition insuffisants.
Dans ce contexte, l'accusation du procureur de tentative d'exposition par dol éventuel contre les gardiens est "tirée par les cheveux, incompréhensible pour les prévenus". C'est au contraire la présomption d'innocence qui doit s'appliquer.
"Quel misérable gâchis", a poursuivi Me Nicolas Gillard, avocat du gardien centraliste, en parlant de la nuit fatale. Pour lui, le lien de causalité entre les actes des gardiens et le décès du détenu ne peut pas être établi parce qu'il est impossible de déterminer à quel moment les lésions dues aux émanations de cyanure du matelas ont été irréversibles.
Pour le reste, son client n'a rien à se reprocher, il n'a jamais envisagé un danger de mort pour Skander Vogt, ni eu connaissance ou accepté le danger mortel menaçant le détenu. Il faut l'acquitter en conséquence pour qu'il puisse continuer à faire le métier "qu'il aime".