C’est fou comme on s’habitue vite aux bonnes choses.
A peine le festin François & Julie touche-t-il à son terme et que, repus, le ventre plein, nous digérons cette nouvelle manière d’envisager la politique française que le cuisinier en chef de la presse people nous en ressert une grosse louche: Obama et Beyoncé in love! Le président du pays le plus puissant du monde avec la chanteuse la plus sexy de l’univers n’auraient pas résisté à l’appel de leur libido!
Tous les diététiciens le disent: plus on mange gras et sucré, plus l’organisme s’y habitude et en redemande. C’est évidemment mauvais pour les régimes mais, du coup, nous tous avons marché, couru, nous précipitant par l’odeur alléchés sur cette gâterie gratos. En deux heures lundi matin, plus de 150 articles sur des sites aussi divers, voire sérieux, que ceux du Figaro, du Point, de L’Express, de Metronews, de Gala ou de Closer relaient le «scoop» lancé par le paparazzi français Pascal Rostain dans l’émission de Jean-Marc Morandini sur Europe 1, et les internautes lambda par milliers, vous peut-être, y vont de leurs conseils conjugaux. L’info est tellement énorme, elle tombe si bien – Hollande vient de s’envoler pour trois jours de visite d’Etat chez les Obama – que personne ne se demande comment un Frenchie est au courant tout seul d’une info qui ne fait pas réagir d’un pouce les médias américains.
Nous voilà en pleine crise de boulimie collective posthivernale, ravis d’imaginer l’incroyable vaudeville se jouant sous nos yeux: Hollande, tout juste sorti de la tornade Closer qui a fait exploser son couple en révélant sa liaison avec Julie Gayet, foulant le tapis rouge de la Maison Blanche le jour où le Washington Post fait exploser le couple Obama en révélant une idylle présidentielle. Soudain la Syrie, le Mali et le plafond de la dette semblent très loin – ne restent que deux mâles trahis par leur mâlitude et le voyeurisme contemporain se pleurant dans le gilet comme deux copains de régiment ayant oublié de mettre une capote une fois de trop.
Depuis, Pascal Rostain a affirmé que tout cela n’était qu’une «blague» destinée à démontrer par l’absurde la «dégradation» de son métier. Dommage: le monde à l’envers, c’est amusant.
