La finale de la coupe de Suisse de football s’est terminée en castagne dans les rues, avec des centaines de milliers de francs de dégâts. Lors de la finale de la Coupe d’Italie, trois supporters ont été blessés par balle. On y a vu un truc délirant: le responsable – si l’on peut dire – de la tribune des ultras (ultras est ici le raccourci de hooligans en bande) de Naples, Gennaro De Tommaso, a exigé de parlementer avec le capitaine de l’équipe, Marek Hamsik: il voulait causer du sort d’un des blessés, sinon il menaçait d’empêcher avec ses hordes le déroulement du match.
En Espagne, une banane lui arrivant dessus (provocation raciste devenue monnaie courante, au même titre que les cris de singe), Dani Alves, l’extraordinaire défenseur brésilien du FC Barcelone, a eu le réflexe amusant de la ramasser pour la manger. S’en est suivi un buzz solidaire sur les réseaux sociaux (joueurs et supporteurs mangeant des bananes), additionné de récupération publicitaire. On conjure maintenant la police et les clubs de «faire quelque chose» (on se demande quoi: tirer à balles réelles sur les crânes rasés?), ces affaires se multipliant.
J’avoue avoir du malà comprendre pourquoi les instances du football ne prennent pas une mesure dont je vous garantis qu’elle serait d’une efficacité forte. A chaque dépradation dans une ville, ou cris de singe, banderole ou banane raciste dans les tribunes, les deux clubs (de manière à éviter cent ans d’enquêtes pour savoir quels crétins ont commencé) seraient condamnés à jouer les deux rencontres suivantes devant des tribunes vides. Je vous le promets: tout serait réglé par un sain autocontrôle des supporteurs et des clubs eux-mêmes.
Voyez la NBA, ligue de basket américaine, et prenez exemple. Donald Sterling, propriétaire des Los Angeles Clippers, a tenu des propos racistes à une ancienne petite amie. Cet enregistrement d’une conversation privée s’est retrouvé sur internet. Qu’a fait le patron de la NBA, Adam Silver? Il a suspendu Sterling à vie. Il ne pourra plus jamais venir à un match de la ligue. Sterling a aussi écopé de 2,5 millions de dollars d’amende, maximum prévu par le règlement. Clair, efficace. Je peux vous dire que ce n’est pas demain la veille qu’il y aura des cris de singe dans les tribunes de la NBA. Sepp Blatter, César de la FIFA, a trouvé quant à lui suffisant de dire qu’il était «fâché» par le racisme dans le foot. Voilà qui doit leur faire super peur, aux sales petits fachos des stades.