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Editorial: l’indispensable alliance

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Jeudi, 12 Septembre, 2013 - 06:00

Parce qu’ils sont incapables de donner des explications claires ou qu’ils ne maîtrisent même pas la langue qu’ils enseignent, parce qu’ils ne savent pas tenir leur classe et faire respecter la discipline, en résumé, parce qu’ils sont NULS, c’est toujours la faute des profs. Voilà en tout cas ce que répète un nombre croissant de parents (et d’élèves) à propos des enseignants. Pas étonnant, dès lors, que, à l’heure de la rentrée, l’atmosphère dans les salles des maîtres puisse être plombée. Les parents sont devenus le pire cauchemar des profs (lire l’enquête de Sabine Pirolt).

Le phénomène s’explique. Dans les familles, on est aujourd’hui obsédé par la réussite des enfants. On ne peut imaginer ses rejetons ailleurs que sur la voie universitaire, avec en point de mire un job bien payé. Les uns vont jusqu’à harceler les enseignants pour qu’ils justifient chaque appréciation, chaque note. Les autres, au contraire, se déchargent de leurs responsabilités sur l’école, mais sont prompts à critiquer la qualité quand les résultats finaux ne sont pas à la hauteur de leurs attentes. Comme si l’on assimilait les profs à de simples prestataires de services.

Perversion de la société de consommation? Et ces parents revendicateurs, ont-ils forcément tort? Ce serait trop simple. Le fonctionnement de l’école est de plus en plus difficile à comprendre. Comme le rôle des maîtres eux-mêmes. Au fait, comment voient-ils leur travail? Quel est leur cahier des charges?

Après des années d’âpres négociations, le canton de Vaud, par exemple, vient de publier, le 5 septembre dernier, les documents que 12 000 enseignants vaudois devront signer d’ici à juin 2014. Une clarification du métier et de la mission qui devrait aussi, on l’espère, permettre aux directeurs d’établissement de mieux évaluer le travail de leurs collègues, de proposer les mesures d’amélioration qui s’imposent. Et, le cas échéant, de prendre des sanctions. Il n’y a pas de raison, en effet, de laisser les inadéquats, les incompétents ou les tire-au-flanc, même s’ils ne constituent qu’une infime minorité, prétériter des classes entières, année après année, sans les recadrer, voire les licencier.

Mais la réponse aux tensions actuelles passe avant tout par un dialogue renouvelé entre le corps enseignant et les parents. L’école doit s’ouvrir, les parents et les professeurs retrouver un rapport de confiance réciproque. Ils n’ont d’ailleurs pas d’autre choix que de s’allier s’ils désirent le meilleur pour l’enfant, comme l’explique le pédopsychiatre Marcel Rufo dans son dernier livre.

Il faut aussi qu’ils s’entendent sur leurs responsabilités et leurs rôles respectifs. Et qu’ils fassent passer le message: au final, ce ne sont ni les enseignants ni les parents qui font seuls la différence. Mais l’élève lui-même, quand il saisit toute la valeur du savoir. Et qu’il prend ainsi son propre destin en main.

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